Lecture: Phèdre de Racine
Phèdre est une pièce de Racine écrite en 1677. A l'origine, cette pièce porte le nom de Phèdre et Hippolyte. Elle est composée de 5 actes écrits en alexandrins (1654 vers en tout).
Avant Racine (17ème siècle), d'autres auteurs de l'Antiquité avaient écrit l'histoire de Phèdre. On pense à Euripide (un grec) et à Sénèque (un romain). Bien que parlant de la même histoire, Racine a organisé sa pièce différemment et il fait mourir Phèdre après qu'elle ait eu connaissance de la mort d'Hippolyte.
L'année de la sortie de Phèdre de Racine, Nicolas pradon a également proposé sa version de Phèdre, ce qui a donné lieu à une querelle entre les amis et ennemis de Racine: la querelle des sonnets.
Pourquoi Phèdre de Racine est-elle une pièce si connue ? Cela tient à trois raisons principales: l'organisation de la pièce et sa construction tragique, la profondeur psychologique des personnages et la richesse des vers qui offrent une véritable musicalité.
Le personnage de Phèdre possède une âme complexe. Elle est tout d'abord coupable des malheurs des autres, ensuite elle est victime de ses passions mais surtout, elle est toujours à la recherche de l'innocence. Cette complexité psychologique fait de ce personnage un être fascinant et captivant.
Résumé de la pièce de Racine
La scène est à Trézène, ville du Péloponnèse.
ACTE 1 (5 scènes) :
- Voilà plus de six mois que le palais est sans nouvelles de Thésée. Le fils de ce dernier, Hippolyte, annonce à son confident, Théramène, qu'il veut partir à la recherche de son père. En réalité, il explique aussi que s'il part c'est pour fuir deux femmes: Aricie (une jeune fille dont il est amoureux mais qui est d'une famille ennemie à la sienne) et Phèdre (sa belle-mère qu'il déteste).
- Phèdre, suite à un sort jeté par Vénus, est tombée amoureuse de son beau-fils Hippolyte. Elle se confie à sa nourrice Oenone.
- On apprend alors que Thésée serait mort.
ACTE 2 (6 scènes):
- Hippolyte propose à Aricie de lui rendre le trône et en profite pour lui avouer son amour.
- Leur entrevue est interrompue par Phèdre, qui n'est pas au courant qu'Hippolyte aime Aricie. Elle avoue à son tour son amour à Hippolyte.
- Phèdre comprend alors qu'elle aurait dû se taire et tente de se tuer avec une épée. Oenone l'en empêche.
- Théramène annonce que Thésée serait finalement vivant.
ACTE 3 (6 scènes):
- Thésée arrive à Trézène. Il ne comprend pas l'accueil si froid qui lui est réservé. Hippolyte n'ose pas dire à son père qu'il aime Aricie, une ennemie et il fait tout pour éviter Phèdre. Quant à Phèdre, elle culpabilise d'avoir avouer son amour à Hippolyte alors elle ne sait comment agir avec Thésée et veut se suicider.
ACTE 4 (6 scènes)
- Oenone, pour empêcher Phèdre de se tuer, ment à Thésée. Elle lui raconte que c'est Hippolyte, qui a essayé de séduire Phèdre en la menaçant avec une épée.
- Thésée décide de chasser Hippolyte et invoque le dieu Neptune (dieu de la mer) de le venger.
- Phèdre veut sauver Hippolyte mais renonce, par jalousie, lorsqu'elle apprend qu'Hippolyte est amoureux d'Aricie.
ACTE 5 (7 scènes)
- Hippolyte fait jurer à Aricie qu'ils se marieront une fois qu'ils auront quitté la ville et ils partent.
- Thésée a des doutes sur la version de l'histoire d'Oenone, il se demande s'il s'agit bien de la vérité.
- On apprend alors qu'un monstre marin a tué Hippolyte.
- Phèdre chasse Oenone qui se jette dans les flots.
- Phèdre prend du poison, révèle la vérité à Thésée et meurt.
Les citations célèbres:
- « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. » - Phèdre (Acte I, Scène 3, vers 161)
- « Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,
Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable. » - Phèdre (I, 3, v. 241-242) - « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue,
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. » - Phèdre (I, 3, v. 273-274) - « Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. » - Phèdre (I, 3, v. 306) - « Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! » - Phèdre (I, 3, v. 254-255) - « C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé.
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. » - Phèdre (II, 5, v. 685-688) - « Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter,
Déjà pleins de langueur ne pouvaient vous quitter.
Le nom d'amant peut-être offense son courage.
Mais il en a les yeux, s'il n'en a le langage. » Ismène à propos d'Hippolyte (II, 1, v. 411-414)
Les deux citations suivantes sont célèbres pour leur métrique parfaite. La seconde n’est constituée que de monosyllabes.
- « La fille de Minos et de Pasiphaé. » - Hippolyte (I, 1, v. 36)
- « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. » - Hippolyte (IV, 2, v. 1112)
Phèdre vue par un peintre montpellierain: Alexandre Cabanel, Musée Fabre