Commentaire composé: elle était déchaussée de Victor Hugo
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Le poème "Elle était déchaussée" appartient au Livre I, "L'Aurore", des Contemplations. Il s'agit d'un recueil de poèmes écrit en 1856 et qui se veut autobiographique, "les Mémoires d'une âme" comme dit Victor Hugo. La date du poème est dissimulée soit car Hugo a oublié le moment précis de cette rencontre, soit parce qu'il s'agit d'une histoire récente que l'on veut faire passer pour ancienne, soit parce qu'il s'agit d'une fiction.
Le poème que nous allons étudier est composé de 4 strophes écrites en alexandrins. Les rimes sont disposées de manière croisée. Il raconte la rencontre du poète avec une jeune fille.
Problématiques possibles:
- Qu'est-ce qui fait l'originalité de cette rencontre amoureuse?
- Comment la femme est-elle célébrée/ représentée à travers ce poème?
- Comment la nature est-elle propice à l'apparition de l'amour?
I) Une mystérieuse jeune fille (Attention, pensez à citer avec précision les numéros des vers si vous retravaillez ce commentaire car je ne l'ai pas toujours fait".
- le mystère: la jeune fille est désignée par le pronom "elle" et "lui" et aussi par les périphrases "la belle folâtre" et "la belle fille heureuse". Tout ceci la maintient dans l'anonymat et la rend mystérieuse.
- une nymphe: très vite, le poète crée une correspondance entre la jeune fille et une créature de la mythologie: la nymphe. Ainsi, on retrouve cette jeune fille au bord de l'eau "la rive", on parle de sa nudité "pieds nus" et on insiste sur l'aspect rebelle de la jeune femme "décoiffée". Le côté divin de cette jeune fille est accentué par le mot "fée" et l'expression "je crus voir" qui donne l'impression d'un mirage, d'une hallucination. Hugo parle d'un "regard suprême" c'est-à-dire au-dessus des êtres. Le vers "qui reste à la beauté quand nous en triomphons" renforce cette aspect divin. En effet, l'utilisation du présent de vérité générale et du pronom "nous" qui désigne la collectivité donne l'impression que la jeune femme devient l'incarnation de la beauté, une sorte d'allégorie.
- une beauté sauvage: le parallélisme du vers 1 "elle était déchaussée, elle était décoiffée" renforcé par la césure à l'hémistiche (c'est-à-dire en milieu de vers) donne une sensation d'harmonie totale. Il s'agit d'une beauté sauvage en tout point parfaite . L'évocation de la chevelure est reprise à la fin du poème "effarée et sauvage/ Ses cheveux dans ses yeux et riant au travers". On retrouve dans ces vers l'association de la beauté et de l'aspect sauvage. Cette idée est assez paradoxale puisqu'on pense que la beauté féminine naît dans les artifices et dans la recherche de l'esthétisme. On retrouve cette antithèse à l'opposition des termes "effarée et sauvage" vs "riant".
II) La mise en scène du coup de foudre
- la nature propice à la rencontre: dès le début, la nature semble être un écrin préservant et cachant la scène amoureuse. L'évocation des "joncs penchants" et "des grands roseaux verts" donne une impression de rideau qui cache et dévoile tout à la fois la jeune fille.Il y a un lieu encore plus propice et caché évoqué par le poète "sous les arbres profonds", là où les amants pourront s'aimer sans être vus. L'anaphore "comme les oiseaux" "comme l'eau" et l'utilisation de l'imparfait "chantaient" "caressaient" laissent une place importante à la nature. Tout à coup, le poète respecte le silence de la jeune fille (qui pourtant ne parle pas depuis le début) puisqu'elle devient pensive. On accède alors à l'univers sensoriel qui les entourent et à l'évocation de sens comme l'ouïe et le toucher.
- le lyrisme: on retrouve le registre lyrique tout au long du poème. Le poète est très présent dans les strophes. Il se désigne à l'aide des pronoms "je" et "moi". La sensualité est évoquée par le lieu (une rive au bord d'une rivière. On imagine la lumière qui est filtrée par les roseaux, on sent l'herbe fraîche et on entend le bruit de la rivière) mais aussi par la nudité de la jeune fille "pieds nus", "elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive". On pense à tous ces tableaux de baigneuses couvertes tout juste d'un drap flottant au vent.
- le suspense: tout le poème repose sur le suspense. Nous avons d'ailleurs déjà évoqué l'absence de date et l'anonymat évident de la jeune fille. Le suspense est mis en évidence par une mise en scène détaillée de cette rencontre. Tout d'abord, la rencontre commence par un jeu de regard entre le poète et la jeune fille symbolisé par l'alternance des pronoms "je" et "tu". Ensuite, les interrogatives du poète n'obtiennent aucune réponse. Le silence de la jeune fille ne fait qu'accentuer le suspense. La phrase déclarative "c'est le mois où l'on aime" qui utilise le présent de vérité générale est une véritable invitation à l'amour. L'utilisation du pronom "nous" dans le vers "veux-tu nous en aller" montre le désir formulé du poète. La réflexion est amenée par l'adjectif "pensive" et par la pause lyrique des vers 11 et 12 qui laissent une large place à la description de la nature. Aux phrases interrogatives et déclaratives succèdent alors des phrases exclamatives renforcées par l'interjection "Oh" qui traduit le soupir du poète, son espoir de voir la belle accepter sa proposition. Enfin, la dernière strophe marque la prise de décision de la belle puisqu'à l'imparfait succède le passé simple "je vis". Le fort rythme des deux derniers vers nous fait entendre le bruit des pas de la jeune fille qui s'avance vers le poète "venir à moi".
(Citez les passages précis du texte car je ne l'ai pas fait dans cette dernière partie)
N'oubliez pas de faire une conclusion dans laquelle vous répondrez à la problématique.