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lecture linéaire la chute de cheval du Duc de Nemours dans la Princesse de Clèves
Lecture linéaire La chute de cheval du Duc de Nemours dans la Princesse de Clèves.
De « Après que l’on y eut été quelque temps, le roi fit amener des chevaux…il lui donna la main pour la conduire hors de la lice ».
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette est considéré comme le roman qui a fixé les codes du genre romanesque. Paru en 1678, le roman raconte l’histoire d’une jeune princesse et Monsieur de Nemours qui vivent les déchirements d’un amour muet et d’une passion rendue impossible par le poids des convenances sociales et de la morale.
L’extrait de notre étude correspond à la chute de cheval du Duc de Nemours. Le Roi a reçu des chevaux qui ne sont pas encore dressés. Le Duc de Nemours provoque volontairement son propre accident pour ne pas blesser le Roi. Il chute et perd connaissance pendant un instant. La Princesse de Clèves se précipite, révélant, l’espace d’un instant, la véritable nature de ses sentiments pour le Duc.
Lecture de l’extrait
Problématique possible:
- En quoi cet extrait offre une étape marquante dans la progression de l’intrigue ?
Notre étude suivra la progression suivante. Tout d’abord, nous porterons notre attention sur un premier passage qui s’étend du début de l’extrait jusqu’à « la secousse le fit chanceler » et qui met en scène le thème de l’accident. Le deuxième passage consacré au témoignage des sentiments de la Princesse de Clèves s’attardera de «On courut à lui » jusqu’à « soutenaient ». Enfin, la dernière partie de l’extrait montrera comment les sentiments de la Princesse sont désormais visibles pour l’ensemble des protagonistes du roman, ce qui renforce l’intrigue.
- Une scène d’accident « Après que l’on y eut été… chanceler »
- Une chevauchée dangereuse « Après que l’on y eut été …l’un à l’autre »
- Proposition subordonnée conjonctive CCT : moment précis où va se dérouler l’accident.
- Utilisation du passé simple « fit » + verbe de mouvement « amener »+ référence au roi « le roi » : renforce l’idée d’une situation inhabituelle et unique qui va se dérouler.
- Proposition subordonnée relative « qu’il avait fait venir depuis peu » : cette précision sur les chevaux dévoile qu’il s’agit de chevaux fougueux et certainement non dressés.
- Proposition subordonnée conjonctive Ct circ d’opposition : renforce l’aspect dangereux de ces chevaux et le fait qu’il soit périlleux de les monter.
- Passé simple « il les voulut monter », « il en fit donner » : le roi semble décider cette chevauchée sur un coup de tête et tous les participants se retrouvent des cavaliers alors qu’ils n’ont peut-être pas le niveau pour maîtriser de telles montures « tous ceux qui l’avaient suivi ».
- Superlatif de supériorité « les plus fougueux » : le Duc de Nemours et le Roi sont les meilleurs cavaliers et ceux qui sont les plus admirables, ceux qui prennent les plus de risques.
- L’utilisation du point virgule : marque un rapport de cause/ conséquence. Comme les chevaux sont fougueux, l’accident arrive de manière prévisible et violente comme le montre le verbe « se jetèrent l’un à l’autre ».
- La prise de risque volontaire du Duc pour ne pas blesser le Roi « Mr de Nemours…chanceler »
- Ct Circ Cause « par la crainte de blesser » : peur du Duc de Nemours qui ne veut pas faire de mal au Roi et préfère risquer sa vie.
- Passé simple « recula » + adverbe Ct circ de manière « brusquement » : Prise de décision rapide du Duc qui pense avant tout à sauver le Roi mais qui ne pense pas aux conséquences de son geste.
- CCL « contre un pilier du manège » : endroit très dangereux, risque de mort certaine ou de séquelles très lourdes.
- Comparatif de supériorité « avec tant de violence que » : la prise de risque est héroïque puisque le Duc ne cherche pas à minimiser les risques pour lui.
- Le verbe « chanceler » indique la chute du Duc qui parvient à tomber de manière élégante malgré la situation.
- Le sentiments de la Princesse de Clèves se révèlent « On courut à lui…le soutenaient »
- La Princesse est bouleversée par l’accident « On courut…s’en fût aperçu »
- Pronom indéfini « on » : impression de foule qui se forme autour du Duc ce qui montre que tout le monde est choqué de l’évènement.
- Adverbe « considérablement » : renforce l’idée que tout le monde est impressionné par l’évènement.
- Mise de en valeur de « Mme de Clèves » : elle se distingue par rapport au pronom « on », elle se singularise et semble agir différemment des autres bien que tous soient choqués.
- Le comparatif de supériorité « encore plus que » : témoigne de l’intensité des sentiments de Mme de Clèves pour le duc de Nemours.
- Mise en valeur du mot « intérêt » qui est placé en tête de phrase et caractérisé par la proposition subordonnée « qu’elle y prenait » : la Princesse de Clèves manifeste des sentiments qui vont au-delà de ceux qu’elle devrait témoigner.
- 2 termes de sentiments qui évoquent la crainte « appréhension » « trouble » : révèlent la véritable nature des sentiments de la Princesse pour le Duc.
- Proposition subordonnée relative « qu’elle ne songea pas à cacher » : par la tournure négative, le lecteur découvre clairement que la Princesse a toujours eu des sentiments pour le Duc mais que ces sentiments étaient cachés jusqu’alors.
- Ct circ d’accompagnement « avec les reines » : rappelle le statut de la Princesse et montre le danger dans lequel elle se met en montrant ses sentiments.
- Adverbe d’intensité « si » + subjonctif imparfait « fût » qui montre qu’il devient impossible pour la Princesse de feindre ses sentiments en cet instant.
- Un choc pour tous : le chevalier de Guise et le Duc de Nemours « aussi le remarqua…le soutenaient »
- Pour le chevalier de Guise/ utilisation passé simple « remarqua » : le Chevalier comprend tout à coup que la Princesse a des sentiments pour un autre homme. Pour le moment, elle ne semblait en avoir pour personne en particulier, ce qui le laissait espérer./ adverbe « aisément » : renforce la facilité à comprendre les sentiments de la princesse/ Verbe d’observation « il eut bien plus d’attention » + comparaison entre La Princesse et le Duc. Pour le chevalier, le choc est de voir la réaction de Madame de Clèves et non le choc subit par le Duc.
- Pour le Duc, le choc est à prendre au sens premier, il a été assommé : hyperbole « grand éblouissement » + vocabulaire de la détresse « tête penchée » « soutenaient » renforcent l’idée que le Duc est victime de ce choc.
- Des sentiments désormais visibles pour l’ensemble des protagonistes ce qui renforce l’intrigue. « Quand il la releva…hors de la lice »
- Le Duc de Nemours comprend que ses sentiments pour la Princesse sont réciproques « Quand il la releva…de s’aller reposer »
- L’adverbe de temps « d’abord » associé au verbe de vision « il vit » : renforce l’admiration du duc pour la princesse, elle est sa première vision lorsqu’il reprend connaissance. Cela lui permet de comprendre que sa proximité témoigne de la véritable nature de ses sentiments envers lui.
- Jeu de regard suggéré par le chiasme « il connut sur son visage « « elle avait de lui » : le Duc comprend l’évidence des sentiments de la Princesse
- La gestuelle du Duc « il la regarda … qi put lui faire juger » : montre combien la parole n’a pas besoin de venir appuyer la clarté des sentiments qu’il sont l’un pour l’autre.
- Les termes « remerciements » « excuses » montrent combien le Duc se comporte comme un gentilhomme mais révèlent aussi que les « reines » sont remerciées après l’être aimé et passent au second plan.
- La mention « le roi » + le verbe « ordonna » montre que le Duc reste digne et qu’il se retire uniquement parce qu’il s’agit d’une demande du Roi et non parce qu’il laisse la faiblesse le gagner.
- La prise de conscience de la Princesse et la réaction du chevalier de Guise « Mme de Clèves…hors de la lice »
- Antithèse entre passion et raison « être remise de sa frayeur » VS « fit bientôt réflexion » : La Princesse de Clèves comprend qu’elle a laissé voir ses sentiments en plein jour, qu’elle n’est pas parvenue à se maîtriser.
- La références à la gestuelle « aux marques qu’elle en avait données » : montre qu’une fois de plus que les gestes ont été plus parlant que les paroles et que cela peut la conduire à sa perte.
- Elle en prend d’ailleurs conscience par la référence au chevalier de Guise comme le montre la tournure négative associée à l’adverbe « longtemps » :« ne la laissa pas longtemps » qui renforce l’idée que les sentiments de la Princesse ont été perçus par d’autres que le Duc.
- La tautologie « espérance que personne ne s’en serait aperçu » (espérance + mode conditionnel « serait aperçu ») renforce l’idée qu’il est impossible désormais pour la Princesse de continuer à feindre d’avoir des sentiments pour le Duc de Nemours.